La part du Colibri…

Cela se passe dans la forêt amazonienne.

Dans cette forêt, des arbres à perte de vue, mais en regardant mieux, un arbre se démarque plus grand et plus haut que tous les autres. Les branches de cet arbre disent : Venez à moi, peuple des oiseaux ! Par ici, je vous accueille. Et tout ce petit monde piaille, joue, discute… vit en harmonie.

 

Mais un jour, arrive un grand malheur : l’arbre prend feu ; les oiseaux impuissants s’élèvent dans le ciel en contemplant leur arbre qui part en fumée. 

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A travers la fumée, ils distinguent un petit oiseau qui va à la rivière prendre une goutte d’eau dans son bec et la dépose sur l’arbre. Il va et vient, retourne inlassablement à la rivière, prend une goutte d’eau dans son bec et la dépose sur l’arbre.

 

Ce petit oiseau, c’est le colibri. Vous savez, ce petit oiseau multicolore, avec un long bec pour sucer le nectar des fleurs.

 

Mais colibri, que fais-tu ? Viens ! Cela ne sert à rien, rejoins-nous !  

Je fais ma part de travail pour éteindre le feu ! Et vous aussi, venez faire votre part de travail pour éteindre le feu ! Les oiseaux se regardent, perplexes.

Et dans un même élan, ils s’élancent vers la rivière, prennent une goutte d’eau dans leur bec et la déposent sur l’arbre en feu et retournent encore à la rivière, encore et encore. 

Et ces millions de gouttes d’eau forment une pluie si fine et si dense, que le feu finit par s’éteindre.  

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Depuis ce jour, l’arbre reverdit, l’harmonie est revenue en son sein et, chacun a gardé en mémoire qu’il doit faire sa part.  Légende amérindienne

Deux hippos et un papillon

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Dans un marigot au fin fond de l’Afrique, une troupe d’hippopotame vivait ses jours tranquilles. Jusqu’au jour où un mâle de taille imposante arriva ! 

Naturellement, cela ne fut pas du goût du maître des lieux. Longtemps et pendant des jours, la joute entre les deux mastodontes se poursuivait avec fracas. 

Les autres hippos commençaient en avoir assez de ces bousculades, dérangés au moment de leur baignade ; ils allèrent se plaindre à un sage solitaire pour qui la résolution de conflits n’avait plus de secret : de grâce, faites que cela cesse ! se lamentaient-ils.  

Le vieux fit venir les 2 perturbateurs. Il demanda qu’un tronc d’arbre soit posé sur une butte au milieu de la place. 

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C’est alors qu’un papillon qui passait par là, se posa sur l’un d’eux.

Personne ne contesta cette intervention extérieure : pensez un papillon sur un hippopotame, c’est comme une goutte dans un océan, qu’est-ce que cela change ? Mais doucement au début, très doucement même, la balance se mit à bouger du côté du papillon ! Applaudissement de la foule en liesse ! Enfin, la paix !

Il suffit parfois d’un geste aussi léger qu’un papillon pour « changer le monde »…

L’hippopotame

C’était il y a très longtemps, avant que l’homme blanc ne vienne troubler le calme lourd des chauds plateaux du Sud avec ses clairons d’orgueil et son attirail à défricher les consciences. 

Un sommeil de plomb tombait droit sur le Nil Blanc où les bêtes écrasées de chaleur venaient se tremper la tête jusqu’aux garrots pour boire goulûment l’eau tiède et marécageuse.  

Au risque de se noyer, quelques oiseaux passereaux s’ébrouaient violemment dans la purée boueuse, à la frange glauque du fleuve.

Au loin, un petit chien sauvage égaré dans les herbes grillées de soleil hurlait, la gorge sèche, la plainte infinie des agonies brûlantes. 

Seuls, paisibles, au milieu de toute cette faune abrutie de torpeur torride, les deux balourds faisaient des bulles. 

Au beau milieu du fleuve, deux énormes hippopotames ne laissaient paraître aux regards que les masses immobiles de leurs dos gris jaunâtre au cuir craquelé de boues éparses et d’algues mortes

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Derniers hippopotames des Virunga. Suite aux guerres, les hippopotames ont presque disparu de l’est de la RD-Congo. Ils constituaient la plus grande population d’hippopotames d’Afrique. Photo Flickr bjectifbrousse

Mais qu’on ne s’y trompe pas !

L’hippopotame n’est pas qu’un tas de lard essoufflé. L’hippopotame pense. L’hippopotame est intelligent ! 

Et justement, tandis qu’un gros nuage porteur de pluies improbables venait ternir un instant l’éclat métallique de ce soleil d’enfer, l’un des deux mastodontes émergea soudain des eaux sombres son incroyable trogne mafflue de cheval bouffi. Ses immenses naseaux sans fond se mirent à frémir et à recracher des trombes d’eau dans un éternuement obscène et fracassant.  

Puis il se mit à bâiller. C’était un bâillement cérémonial, lent et majestueux, qui lui déchira la gueule en deux, aux limites de l’éclatement, en même temps qu’étincelait l’ivoire blanc de sa bouche béante et que montait aux nues son beuglement sauvage. Presque aussitôt, le second hippopotame, à son tour, sortit sa tête de l’eau en s’ébrouant frénétiquement. Puis les deux mastodontes se regardèrent longuement, à travers leurs longs cils nacrés. 

Alors après avoir humé prudemment de gauche à droite l’air saturé de chaleur électrique, le premier hippopotame dit à l’autre : c’est marrant, je n’arrive pas à me faire à l’idée qu’on est déjà jeudi ! L’hippopotame de Pierre Desproges